Ce texte est extrait du site www.theatrons.com
A propos de l'auteur

En
guise de mea
culpa...
Après plus de trente-cinq ans passés à gesticuler sur les planches, il est peut-être temps de me demander pourquoi j'y suis monté un jour. Et j'ai bien peur que la réponse ne soit pas vraiment à mon honneur. Je connais des comédiens qui ne recherchent qu'un plaisir innocent dans leur exercice : celui de retrouver leur âme d'enfant, de faire semblant, de faire "comme si", et de voir tout simplement où cela les amène. Mes motivations n'avaient malheureusement pas autant de fraicheur et de légèreté. Je suis d'abord monté sur scène pour m'exhiber, pour me faire voir et admirer, pour me "donner de l'importance".
Il me faut boire cette honte : le théâtre n'a d'abord été qu'un moyen brutal d'affronter les doutes que j'éprouvais vis-à-vis de moi-même, un moyen d'aller chercher à l'extérieur, une reconnaissance qui me manquait à l'intérieur.
À 13 ans : ma première
expérience de
la scène : Un sketch de mon cru, joué devant 400 personnes
en "One man show",
dans la cadre de la fête de fin
d'année du collège en 1976.
Au propre comme au figuré, aussi nu devant le
public, que la décence pouvait le permettre. Une pure folie !
Animateur radio
: A 14 ans, sur "FR3
Nouvelle-Calédonie".
Ma première expérience de
la mise en scène : troupe du lycée Lapérouse en
1980 (17 ans). Le
prof qui assurait la mise en scène abandonne la troupe en cours de
route, me donnant
l'occasion de tenter cette première expérience.
La chanson aussi
! :
participation au crochet de la chanson en 1981.

Dans un spectacle de type cabaret en 2009.
Le public attend d'un comédien qu'il se donne à lui, qu'il se donne pour lui. Le jeu de théâtre est une communion, dans ce qu'elle a de plus sacrée. Derrière les rires, la farce, le grotesque et le ridicule qui sont parfois mis en scène, se cachent une cérémonie au sens profond, un puissant partage d'humanité, un feu ardent avec lequel on ne "joue" pas impunément.
Lorsque les motivations du comédien sont trop égocentriques, elles l'aveuglent aux possibilités d'échange et de partage, elles l'empêchent de communier avec le public, elles brisent le charme de la cérémonie et font de sa prestation un moment d'ennui, entraînent un désaveu d'autant plus terrible et cruel qu'il est publique. Jouer la comédie pour de mauvaises raisons n'est pas sans danger.
J'ai pourtant continué, surmontant mon handicap avec plus ou moins de brio. En y repensant, je me dis qu'il y a là une sorte de miracle. Je voulais tellement qu'on m'aime ! J'ai tant joué pour moi, et seulement pour moi ! Comment a-t-on pu me pardonner ?
Je ne vois qu'une explication possible à ce miracle : ma naïveté. Je me suis exposé sans pudeur, sans retenue, sans autre calcul que celui de satisfaire cet irrésistible besoin de reconnaissance. Un besoin si fou, si puissant, qu'il m'a entraîné à plonger sans parachute et sans filet, sans d'autre choix que celui de faire aveuglément confiance à la compassion et à la générosité du public. Et malgré l'égocentrisme et le ridicule de ma démarche, malgré les innombrables faiblesses de mes prestations, ce public - sans doute ému par ma candeur et par la confiance que je lui témoignais - a souvent estimé que je "jouais le jeu", que je respectais le contrat qui me liait à lui. Même si je n'ai que bien peu assouvi mon besoin de reconnaissance par ce moyen inadapté, j'y ai découvert l'occasion merveilleuse de mieux me comprendre, de m'explorer de multiples façons et de découvrir, bien des années plus tard, en quoi consiste vraiment l'activité de comédien.
Je parlais de miracle, c'en est bien un.
Ce parcours mérite-t-il pour autant d'être cité en exemple ? Certainement pas. Sauf pour illustrer ce que j'ai pu en tirer de leçon : le public nous pardonne tout, pourvu qu'on soit sincère. Pas forcément sincère dans nos rôles, pas forcément sincère dans nos motivations, mais sincère dans notre volonté et dans notre engagement vis-à-vis du spectacle. "Où que tu ailles, vas-y à fond... ou n'y va pas", est le meilleur conseil que je peux donner au comédien qui hésite.
Un parcours résolument amateur
Mon parcours de comédien est entièrement autodidacte et ne m'a valu des cachets qu'à de très rares occasions. Je n'en rougis pas. J'irais même volontiers jusqu'à revendiquer avec une certaine fierté cette longue expérience en amateur. En travaillant dans ces conditions, j'ai toujours eu au moins une certitude : les troupes auxquelles j'appartenais étaient constituées de passionnés. On ne répète pas, à raison de deux à trois fois pas semaines, pendant 6 à 8 mois d'affilée, sans la moindre motivation financière, si la passion du théâtre ne vous rempli pas le ventre.
Ce choix m'a permis de développer d'autres compétences dans les divers métiers que j'ai pratiqués. J'y ai aussi beaucoup appris et j'ai la prétention de croire que cela m'a permis de m'améliorer en tant que comédien.
Pour avoir croisé de temps à autre le milieu professionnel, je n'ai pas eu le sentiment que les comédiens y étaient nécessairement meilleurs que dans le milieu amateur. Plus ambitieux, parfois. Moins modestes, souvent. Plus sincères ? Pas toujours, même si certains d'entre eux, il faut le reconnaître, acceptent de "manger de la vache enragée" pendant des années, afin de rester disponibles à leur métier.
Tout en étant conscient que je prêche pour ma paroisse, je me défie des "passages obligés" sans lesquels on ne pourrait pas prétendre au statut de comédien. N'oublions pas d'où vient le théâtre : de la rue. Et il y retourne à chacune de ses crises, à chaque fois qu'il part dans des dérives qui l'éloignent de son public.
Pour mon plus grand plaisir, ce site me vaut beaucoup de mails de félicitations et de remerciements. On relève "l'originalité de mon approche" et dans l'un de ces courriers, une "admiratrice" inquiète me demandait si j'avais du "mettre de l'eau dans mon vin", si j'avais du accepter des compromis afin de présenter un discours qui ne "choque" pas trop les instances traditionnelles du théâtre. Grand Dieux, non ! Je ne crois pas être novateur au point de créer une contre-révolution ! Et même si mon parcours n'est pas passé par une formation classique, je ne me suis pas privé d'emprunter à Boal, à Stanislavsky et à d'autres, les merveilleuses théories qu'ils ont développées sur l'art de la scène. Si mon approche à quelque chose d'original, je veux croire qu'il s'agit surtout de mes tentatives pour éviter la langue de bois, pour parler de ce qui se passe vraiment lorsque l'on se retrouve sur une scène, même si cela ne cadre pas toujours parfaitement avec ce que les théories en disent.
Le théâtre appartient à ceux qui le font et à ceux qui le regardent. Ne vous laissez jamais enfermer par un statut ou par des théories. Si la passion vous anime et si le plaisir l'accompagne, lancez-vous !
C'est un art où la folie est bien plus qu'admise : elle est nécessaire.
Liste des pièces et photos de scène
Parcours géographique
Naissance : 21 avril 1963 à Casablanca (Maroc) mais mes parents quittent le Maroc en 1966 et je ne découvrirais vraiment ce pays qu'en septembre 2009 au cours d'un voyage "retour aux sources".Premiers pas : Lauterbourg, en Alsace, entre 3 et 6 ans.
Lieu de vie : Nouméa en Nouvelle-Calédonie, depuis l'âge de 6 ans
Excursion : 3 ans à Strasbourg entre 1985 et 1988.
Parcours professionnel
Diplômes : Bac E - BTS en électro-technique industrielle - Certification en coaching (l'Union Formation).- 1982 - 1985 : programmeur et technicien informatique
- 1986 - 1987 : "ingénieur conseil" à la CCI de Strasbourg
- 1987 - 1991 : formateur et commercial informatique / formateur en technique d'imprimerie (colorimétrie et typographie)
- 1992 : publiciste
- 1993 - 1994 : commercial puis directeur commercial informatique
- 1995 : gérant d'une société d'importation
- 1996 - 1999 : graphiste / metteur en page, puis journaliste, puis rédacteur en chef
- 1999 - 2008 : chef d'entreprise
- 2008 - 2012 : webmaster / coach / professeur de théâtre
- Depuis 2012 : Animateur des éditions Humanis
Les passions qui ne me lâchent pas
- Le théâtre, évidemment.
- L'écriture (nouvelles, essais, romans et traductions d'auteurs américains)
- Le bricolage et surtout le travail du bois.
- L'Art Nouveau et surtout la tendance Chicago 1920-1930.
- La musique.